Tout lui rappelait le pourquoi
sur un nuage entre la terre tendre et les pierres lumineuses
les pieds dans le vide qui touchaient le ciel
touchaient l'air ne touchaient rien du tout
n'est-ce pas semblable ?
tu es contre elle, silencieux, ta joue si légère contre son épaule
tu pouvais très bien ne pas être là du tout qu'elle se disait si ce n'était pour ton poids
le poids qu'elle porte lorsqu'elle te regarde toi

Ta pluie manque à sa chaleur qui faisait disparaitre
toute moiteur
tu t'appuies et fait des plis dans sa robe nuit
un jour tu étais son éclipse et le lendemain
un néant qui se réfugiait dans son giron

même après tout ce temps tout ce temps
elle n'arrivait à te laisser partir comment
alors que tu étais bien vivant ? même d'outre-tombe
elle avait accepté de te tenir la main
elle à qui ne sied les cycles sans fin

Tu avais été son premier
avant les trois J
de lui faire tant de mal
peut-être l'avait-elle néanmoins mieux acceptée
puisque l'espoir de te retrouver ne pouvait pas la quitter
impossible quête que tu lui rappelais par ta simple façon
d'exister
quand eux, c'était à jamais
peut-être que le prochain toi
le prochain toi
sera comme il était une fois
entre temps
il faut savoir t'aimer comme ça
et c'est doux amer comme amour
c'est tendre (coupe dans du beurre mou)

Ton serpent l'entour, elle clos ses yeux un instant
s'imagine l'inverse du présent
c'est elle qui est appuyée sur toi, tu essuies ses larmes en montrant les dents
tu savais être chaleureusement avenant
elle attrape ta main pour serrer tes doigts
ses paupières éclosent de la douleur
il ne reste dans le ton rosé que la douceur :

Ouroboros, regarde, l'aube, les fleurs se réveillent dans la clairière dessous !

Gelda aimait beaucoup les débuts et fins de journée, l'aurore et le crépuscule, cela lui rappelait le cycle de la vie, le cycle du deuil, l'avancée du temps qui lui a toujours été si fascinant, ne la touchant, enfin, l'ayant piqué au final d'une bien vilaine façon. C'était ton cycle aussi à toi, vous pourriez avoir cet intérêt en commun.

Viens !

Elle te tiens toujours la main, s'élance pour t'entrainer en avant, vous flottez doucement.
Sa robe ne monte pas au dessus de ses cuisses, le vent ici connait sa pudeur, pas comme en dehors de l'Ether...

Vite avant que le temps passe !

La descente se fait soudain fulgurante, pourtant lorsque ses orteils touchent le premier pétale,
le contact s'effleure
il y a de grosses gouttes contre le bleu le vert le violet de partout, sur toutes les couleurs qui ornent la terre moelleuse, poussent et recherchent le soleil la tige tendue la corolle assoiffée de son auréole.

Elle lâche enfin son emprise sur toi, elle a un sourire coquin contre la paroi de glas qui souvent la côtoie, elle attrape un pan de sa robe d'une main, te tourne autour, un sourire figé contre son minois, avant de revenir te tendre son libre bras.

Fêtons le renouveau du matin ! n'est-ce pas beau toute cette rosée ? Tu m'accorderas bien cette danse, Ouroboros ?

Elle joue de sa pauvre mine, elle se fait galant, elle sait que ça ne viendra pas de toi, pas comme avant, elle a toujours envie de te voir sourire, elle ne veut entendre ton soupir que lorsque tu baisses les armes pour elle, elle ne veut voir ta triste mine que lorsqu'elle peut te regarder dans les yeux et voir son reflet dedans.

Je t'apprend si tu veux...les pas...la ronde...comme dans les châteaux d'avant...mais si tu préfères j'aime aussi les plus récent...

On dirait de nos jours comme le vélo, que les humains reprennent si vite même après des années comme si de rien, comme elle qui ne pouvait te laisser partir tout à fait malgré les siècles les rencontres tu étais un de ses Némésis sans même le savoir, à la peiner avec cette peine à respirer.