nos doigts qui se perdent dans nos mèches, dans nos nœuds, dans notre couronne ; obligé que nous sommes de devoir les déloger en forçant un peu, une grimace pour bien accentuer la petite douleur au creux de notre tête - diabolique que ce soit d'avoir des cheveux arrivant aux épaules, nous arrivant d'hésiter à les couper ; et petite peur ancrée en nous qu'ils repoussent dans la nuit.

car nous sommes nés ainsi.

nous cherchions désespérément une certaine tablette de pierre sans la trouver, mais avec la certitude que nous l'avions caché dans notre antre - cet endroit dans une grotte, bien enfouie, bien loin de l'entrée, une torche ancienne pour éclairer les recoins, l'ombre bien présente ; nous n'avons guère peur du noir, au pire, ce qu'il pourrait nous arriver serait un sursaut de voir un invisible arrivait. nos trouvailles dans le temps, dans les siècles, conservés en ce lieu - ce lieu froid, ce lieu qui nous ressemblait, ce lieu qui peignait des tableaux de guerre, de trépas, de douleur ; des pierres tombales vide, des crânes d'animaux maintenant disparus - des tenues d'un temps révolu. une pépite pour des archéologues ; mais nous avions bien fait notre nid pour que l'entrée ne soit guère visible pour des humains frêles.

les invisibles, c'était une autre histoire ; mais personne ne se risquerait à attiser notre colère ; elle pourrait être mortellement néfaste et diablement longue - la rancune fait partie de nos traits les plus communs après tout. déçu de ne guère trouver notre tablette, nous pesons le pour et le contre et finissons par empoigner notre canne, notre cape favorite et déchirée par endroit avant de ressortir - une main devant nos yeux le temps de s'habituer à l'éclat du soleil ; nous avons toujours préféré séléné de toute façon ; apollon est bien trop ... trop.

nos pas qui nous portent tandis qu'une voix se fait entendre ; nous aurions pu l'ignorer, mais entendre notre nom n'est pas habituel - nous n'avions pas non plus de fidèle qui répandait notre bonne volonté dans cette époque, ce n'était donc pas un humain ; sans nul doute un invisible.

nos pas qui se dirigent vers l'individu, nos bras qui se croisent et notre haut du corps qui se penche pour se poser contre un tronc, regardant de haut en bas, notre canne simplement tenu par deux trois doigts « qui le demande ? » voix d'outre tombe, voix peu habituée à être utilisée, voix où on entend que cela fait longtemps - une voix caverneuse, une voix grave.

le connaissions-nous ? sûrement. mais nous n'arrivions pas à mettre le doigt dessus et nous n'aimions pas chercher trop longtemps. nous préférons avoir la réponse de suite.