La carte postale tant aimée
est bien mystérieuse sous la voie lactée
à point d'heure elle ira pointer le bout de son nez
sous la lumière aveuglante du phare
chercher les lumières qui ne s'éteignent pas
un peu de feu de peines et de joies
pour les sommeils inquiets

Sur la terrasse le vent balaye ses cheveux devant ses yeux
s'amourache dans les plis de sa robe révèle ses jambes pâles
elle n'essaie pas d'empêcher les furieuses rafales de la dévergonder
avec toi elle peut être sauvage, pas princesse des contes d'été
pourquoi se retrancher comme devant les autres
à faire des manières à se rappeler par quelle fourchette et cuillère
non Gelda laisse le vent s'engouffrer la malmener elle aime
comme ça reflète son psyché en cet instant t.

Il n'est jamais facile de dire adieu
tu le sais tout comme elle
vous pourriez presque être sœur mais tu n'es pas
une banshee comme celles qui parcouraient ses anciennes terres
ça ne sera jamais pareille entre vous deux
il y a trop de crainte, de retenu de son côté
tu lui fais peur, et en même temps, elle t'envie
c'est un cocktail bien étrange qui la dérange
elle aime donc en temps beau t'éviter mais Gelda est
désemparée

Elle s'était accrochée à elle comme à une
bouée de secours très vite aspirée en haute marée
cette vieille dame qui n'avait pas encore posé les fleurs
sur la pierre froide
qu'elle s'agrippait dans ses jupons en la suppliant
de pitié lui donner son jugement
à elle aussi
à elle aussi...
(et ce malgré le réconfort, malgré les mots doux, malgré le ton plein de vie qu'elle s'empressait de jeter dans le trou, parfois Gelda se rappelait à quel point il était terrible d'être vu, ses doigts avaient tremblés sur les épaules ratatinées, elle se voyait en elle, elle se voyait maudire et pleurer dans la chaumière, elle voyait sa peine qui semblait interminable même aujourd'hui. Comment la rassurer comment lui dire qu'il fait bon attendre le bon moment le moment que la vie aura décidé d'elle-même, se terminer ? Elle ne sait, puisqu'elle sait oh que trop bien.)

Alors
elle brave le vent malvenant
d'un soir sans lune
sur la terrasse tu es déjà là, pas en avance non, enfin elle ne croit pas
Gelda est en retard
car tout ça lui donne froid.

Bonsoir madame la guide.
(madame et non le prénom, elle essaie de garder la distance en espérant que ça la tiendra
hors de porter de ton ouïe musicienne de l'au-delà)
Je vous prie de m'excuser de vous inviter si tardivement...c'est urgent.
(elle te voit en puzzle découpé, ne lit pas tes expressions, aveuglée de ses mèches qui fouettent son visage blême)

Je n'irai pas par quatre chemin, je vous ai invité en cette soirée ici, pour demander conseil...si vous voulez bien me l'accorder...cela concerne nos spécificités, et...enfin...la manière dont certains humains se les approprient...

Gelda fait quelques pas pour se rapprocher, avant de s'adosser à la rambarde de sécurité, elle n'a pas peur de tomber, Gelda connait les pics de falaises, la terre glissante, elle n'aurait même pas peur
dans l’œil du typhon.
Avec une certaine manie, elle tente de dompter les mèches devant ses yeux, les attrapes pour les lisser entre ses doigts, regarde leur or teinté se raviver à chaque révélation par la lumière.

Il fut un temps où ça ne me touchais guère, mais plus rien n'est pareille depuis que nous sommes bien plus "vu", vous ressentez la même chose de votre côté, ais-je tord ?

Ses paupières abaissées sur le travail de ses mains ne t'esquisse pas un regard, trop concentrées sur l'ouvrage éphémère et perpétuel d'un peigne improvisé au milieu du tumulte ambiant.

Les fils du destin
s’emmêle entre ses mains
elle fronce les sourcils ça tourne autour
tel un serpent ça étouffe comme
une prison
c'est sa propre ombre avalée un coup par l'obscurité
et de l'autre, d'une lumière écrasante qui en gommerait
ses impuretés
enfin c'est ce qu'elle espérait
pour tout à fait être lisse sous les fils
que tu tiens
entre tes propres mains

ta voix qui répond sur le bout des pieds
toi aussi alors oui, elle savait
vous deux
que tout rapproche
incapables de se regarder dans les yeux
peut-être est-ce pour ça que Gelda a choisi cette pleine nuit
ce phare qui efface les traits les engloutis
tout en haut vous êtes deux funambules
il aurait été plus simple de se détester
mais il faut croire que vous posséder trop de compassion en votre sein
pour vraiment détourner vos voix vos mains
des fils qui se coupent qui s'éteignent

Un jour viendra
où vous tirerez sur le même

Le soupire s'expire
Gelda lève les yeux au ciel sans étoiles
(trop de lumière paradoxalement pour vraiment y voir)
tu acceptes donc son invitation
Elle a peur mais ça la rassure
si elle pouvait apprendre de toi
peut-être qu'elle en craindrait moins ta comme leur voix ?

Je n'y comprend rien non plus...les années défilent...et moi...

C'est qu'un murmure tout ça, perdu dans les bourrasques, peut-être que tu entends des syllabes qui s'accrocheraient aux rambardes, mais son ton est si faible, le vent sera garant du secret. C'est ce qu'elle espère alors qu'elle
laisse ses doigts se dépêtrer de l'or entremêlé
qu'il claque qu'il tonne contre son bonnet ! ses épaules ! au dessus du vide dans lequel elle n'a jamais plongée !
Tu es plus aptes à la conversation qu'elle
tu remets les choses dans l'ordre tu ne laisses pas
le doute s'échapper loin dans l'air
est-ce vraiment une urgence elle repense ? sorti de ta bouche ça sonne différent.
Elle n'aurait pas du utiliser ce terme...
(Gelda s'en mordille les lèvres sèches du temps revêche)

Volga, sa maison se trouve rue lingonvägen, je l'ai accompagné avec son mari...paix à son âme il était si fragile...ce n'était pas très compliqué...tous deux visionnaires, cela va faire une semaine que je les fréquentais...C'est juste....à l'enterrement devant tous ces gens...à genoux...le supplice qu'elle me demande....j'ai essayé par la suite de la raisonner...à quoi bon à quoi bon (sa voix se casse un peu déraille, fait des détours peut-être que c'est un effet du vent) comme si...(je n'y avais pas déjà pensé)

Elle pleurait
Gelda pleurait
ce jour là devant la tombe
elle pleurait en l'implorant de vouloir vivre
et la vieille dame pleurait de ne pas trouver une oreille en Gelda
une amie qui la guiderait sur le chemin du plus jamais...
comme lorsque tout disparait s'envoler loin haut
comme les avions
dont elle n'aime plus le son.

Pourquoi...ça me semblais si facile lorsqu'on ne pouvais me voir...mais maintenant...leur regard...vous connaissez ça oui... ne plus être figurante mais en première ligne dans le désespoir de leur combat...c'est étrange ça me fait tellement de mal mais...je ne peux m'empêcher de vouloir l'aider...c'est dans notre nature je suppose...oui...je ne sais plus dire non...je n'ai...jamais su je crois...

Elle clos une main en un poing, vient la porter à son cœur, son autre main vient l'envelopper.
Elle rabaisse son visage comme pour prier,
prier son cœur
d'être plus fort que la douleur intarissable
qui ne fait qu'avec les années folles et rapides comme la mer déchainée derrière vous
de la malmener l'empoigner la laisser tomber non Gelda veut surmonter les vagues elle ne veut pas
être triste d'elle même
elle préfère pleurer leurs peines.
(comme avant, pitié, comme d'antan)

C'est douloureux
de voir souffrir que tu dis
il n'y a pas meilleur moyen de décrire
la torture qui sévit en vos seins
à l'aube du jour
(il était une fois)
qui pointe pourtant
Gelda l'accueillait en grande paix
cette peine cette lamentation cela l'apaisait elle en
échappait des chansons des comptines des adages
elle en souriait dans ses larmes elle en dansait sur les tombes
elle regardait les gerbes fleuries avec envie et amour
parce que c'est plein d'amour qu'il faut dire au revoir
(à bientôt pour les plus matinaux)
il n'y a rien à regretter, on pleure en communauté.  

Mais Gelda n'est plus la même
ce n'est pas pareille la douleur
quand elle naquit au sein de notre propre cœur
lorsqu'on se dit que si on ne la ressent plus
alors tout le monde aura oublié pour de bon
les trois J qui se sont en allé en grand vent
il n'y plus qu'elle pour porter la mémoire
plus qu'elle qui se rappelle la couleur de leur iris
et comment ils la regardaient
avec amour
avec haine
avec dédain
d'un désespoir certain

non c'était plus que vouloir aider elle croit
elle ne sait pas encore quoi mais c'est
(comme une nouvelle façon d'exister)
(au travers de leur travers de leur traversée)
ce n'est pas avouable n'est-ce pas ?
(il faut que les invisibles reste dans les cadrant qui leur choient)

Si elle a un cœur, la banshee d’Irlande,
il rate un mouvement en revenant à la raison :
ton tutoiement
léger, qui claque comme un ruban dans l'air entre vous
ça lui caresse la joue, ce mot
elle relève son visage, le tourne dans ta direction doux
doucement

Mais ses pupilles ne croisent pas les tiennes, tu es dans ton cocon comme elle-même l'était cette discussion vous noie ensemble en découvrirez vous enfin les grands fond ? de la mer bleue, de vos larmes ciel, du sel qui poudre vos joues. Tu continues sur ta lancé Élégie il y a dans tes paroles un goût que Gelda savoure peut-être sérieusement depuis la première fois.

(Tu es repassée au vouvoiement, peut-être l'a-t-elle rêvé, se rapprochement)
Ce n'est pas de sa faute
si bien dit
avec si peu de mot
pas toute une litanie
elle ne fait que passer le message
d'une oreille à l'autre
d'un arbre à la forêt
du haut des falaises
aux vagues qui lèchent les pics en contre bas.

Elle, inspire, inspire, inspire ! et plus elle inspire plus les gouttes s'accumulent deviennent un lac deviennent une rivière deviennent la mer qui déborde furieuse et pourtant si piteuse qui s'échappent dans l'océan dans l'air contre son minois parsemé du sel sable fin elle fait un pas en avant Gelda, son pieds ne fait pas de bruit, sans chaussures, le sol métallique est bien froid mais elle ne le sent pas, elle attrape la banshee, les pans de sa robe voltigeuse au devant elle en serre les poings de ses emprise contre le noir qui brille par intermittence
dans l'halo du dieu de pierre et d'acier,
derrière elle, les pans battent leur plein.

Peut-être...Dame Élégie...que nous pouvons trouver les réponses...en-ensembles...(elle hoquète elle inspire elle renifle elle inspire encore l'air marin ses phalanges blanchissent plus blanches que blanches en deviennent morbides à serrer aussi fort le tissu entre ses doigts c'est le désespoir qu'elle n'aime pas laisser voir, si seulement elle pouvait être comme avant elle est sûr qu'elle aurait déjà la solution) certains humains....la prière aide mais je ne peux pas forcer à la croyance...nous ne pouvons pas...pas celle chrétienne en tout cas...peut-être...une autre croyance...les humains aiment les histoires je..(crois que moi aussi...) si l'on peut les toucher...leur cœur....leur peur....j'aimerai tout engloutir...qu'ils soient apaisés au dernier moment... si nous pouvions leur prendre une fois le chemin fait...co-comme la princesse le fait...qu'ils la donnent d'eux même, apprennent la paix...je ne sais...je ne sais plus...oh...

Sa gorge se serre, elle ne veut pas être comme la princesse, c'est ses idées qui se bousculent son rien qui l'envahit cette sensation d'avoir failli d'être trop banshee, si elle pouvait être autre chose même si ce n'était pas de sa faute si elle avait été comme la princesse de nos jours...est-ce que les deux derniers J ne dormiraient plus dans son cœur ? auraient-ils sut sécher leur pleurs ? pourrait-elle...rire à leur côté...encore...encore aujourd'hui...que Jacques la prenne dans ses bras, que Jack laisse tout tomber pour revenir du combat.......

Elle reste debout plantée là Gelda
la marée est venue chercher son dû
ses paupières qui papillonnent les troubles eaux loin de sa peau
ne laissent entrapercevoir qu'une image coupée et floutée de ton visage qui parait
s'éclairer lui aussi d'un halo au passage du faisceau.  

Sa plaidoirie toi aussi tu la vie
ton regard entre les mèches dare-dare vient se bloquer contre le sien Gelda est
vue
Elle ne détourne pas le sien, dans la houle elle a bien cherché assez
à te toucher sans lever la main
à t'atteindre de ses mots de sa peine parce qu'elle sait
se doute
qu'elle est aussi tienne
deux faces d'une même pièces
la mort vous parle de là haut
elle vous donne en pâture aux Hommes vous êtes le buffet
de leur débauche émotionnelle qui envers et contre tout
à travers les pleurs les cris les injures les demandes de pardon
reste sacré de votre crâne à la pointe des pieds.

Car toutes les peines sont différentes
et pourtant si semblable
elles arrachent le cœur de la même manière
bien que façonnées différemment.
C'est, d'une façon, ce qui fait que vous êtes au diapason
parce que ce spectre qui vous hante depuis votre naissance
vous en connaissez chaque extrémité, d'un bout à l'autre, c'est le fil qui se tisse entre vos doigts
vous en faites des tresses
avec délicatesse
le fil est précieux,
on lui accepterait même tous les aveux.      
(est-ce que c'est ça la naïveté comme tu dis Élégie ? tu dis l'un l'autre et Gelda aurait tendance à te croire mais que dire des personnes esseulées par le désespoir ? Gelda ne sait que trop bien Ô la douleur qu'elle retient)
(alors elle ne sait
ne sait que répondre à cette question qui n'en ai pas vraiment une, elle ne répond pas elle
te regarde t'avancer, faire le second pas elle
te regarde lui prendre la main, sa main contre laquelle la pluie avait perlé
sa main si blanche presque morte d'avoir trop étouffée l'étoffe entre son poing

elle a sursauté)

ça lui coupe le souffle, peut-être plus fort que le vent qui embrouille vos chevelures
vous êtes si proche maintenant elle remarque Gelda que le soleil et les nuages qui dansent entre vos visages se mêlent un peu, se rencontrent, font une danse sauvage, un rituel, ça lui rappelle...
(sous le cyprès...)
mais l'image est gommée par l'éclairage agressif, il a fait son tour, le revoilà pour un instant frappant aveuglant
et c'est dans cette lumière qui effacerait presque ta voix...!
mais la douceur
persiste envers et contre tout.

Des...des histoires...
Un instant, interdite,
J'ose croire que nos naissances, banshee, nos naissances sont la plus belle des croyances...j'étais...là pour venir accompagner un soldat dans l'au-delà, l’amener comme une consœur valkyrie...là où les fleurs qui ont fleurit contre sa peau s'épanouissent, j'étais là pour qu'il parte en paix dans le royaume de Dieu...j'étais là et il était si tranquille, je n'étais qu'une croyance, mais on aurait dit ce jour-là, que son âme avait vraiment été emportée ailleurs...je me suis toujours dit que c'était ce dont nous avons le plus besoin lors du départ, ne pas être seul, surtout pas...mais des croyances des histoires...il y en a tant...comment choisir..j'ai un millénium d'histoires...peut-être devrions nous mettre à plat...oui...ce qui a apaisé les humains que nous avons connus, avant que nous fûmes vues ?

Gelda lâche le devant de sa robe qui s'arrondit se gonfle et gondole à nouveau sous les bourrasques, elle vient prendre ta paume qui était contre le dos de sa main, elle vient entrelacer vos doigts ensembles, elle sourit maintenant, la frustration semble s'être envolée, mais elle est toujours là, nichée, elle sourit tout de même, l'eau s'envole de ses yeux, elle dira que c'est la marée qui se retire.
elle comprend
peut-être avec toi
elle n'a pas à vivre en martyr seule
comme elle l'a toujours cru

Je me disais, comment faire croire les humains quand nous même n'y croyons plus ? mais je comprend...ce soir...que nous n'avons jamais arrêté de croire...c'est là, c'est là !

Le cœur de Gelda se gonfle gronde à même le tonnerre au loin sur les flots,
c'est là qu'il résonne
la banshee d'autre fois
celle qui dansait
celle qui riait en pleurant
celle qui n'est jamais partie vraiment
elle s'est fait toute petite pendant longtemps
mais elle a toujours été là n'est-ce pas ?
attendant de se réveiller de cette terrible fable
Gelda n'aurait jamais pu devenir humaine
elle l'a toujours su alors peut-être est-il temps de laisser cette histoire là
disparaitre doucement.

Elle savait
au fond d'elle qu'elle pouvait te faire confiance
malgré la peur de se livrer malgré la peur de tes doigts de fée
les croyances vous ont sauvé c'est à elles que vous vous raccrochez
lorsque les vagues engouffres tout lorsqu'il faut ressentir jusqu'au bout
car il n'y a pas de temps littéralement mort pour vous
tout n'est que vie qui s'échappe
un sablier sans fin presque à la fin et même après demain, pour toi Élégie
il n'y a pas de jamais, tout revient
et pour Gelda aussi
bien que ce n'est pas pareil
pas le même destin
tout vous relie enfin
les doigts en prisonniers des siens
tu pleures
tu souris
elle l'absorbe elle l'avale de son regard
le mime du coin de ses lèvres
le soulagement que cela dégage
la calme au cœur de la tempête
elle se sent comme un bateau trouvé
par le phare qui vous illumine
(qui aurait longtemps échoué sur les plages les rivages
sans jamais trouver refuge dans son sillage)
vos larmes
la pluie
devient réelle
c'est le ciel qui ronronne
goutte à goutte
vient tapisser le sol embrasser les cheveux

Gelda est arrivée pleine de doute
de remords
pleine d'un poids qu'elle porte depuis toutes les morts
et dont elle ne s'était rendue compte du tord que lorsqu'elle avait perdu son fort
son ancre
son drapeau
déposé contre un cercueil
dessous une croix blanche
alignée bien comme il faut entre deux autres croix blanche
les colombes n'ont jamais été aussi triste à voir
mais en ce soir
dans le halo du phare
elles redeviennent espoir

C'est le courage comme tu dis
celui d'affronter ce qui paralyse les pensées
l'appelle du vide de l'écouter d'en entendre
les échos
sur les champs de bataille dans les cachots dans les lits souffreteux
tenir les mains comme elle tient la tienne
la serrer fort
en faire son château
de cette force qui sauve les cœurs du trop d'eau
le paradis a toujours été à portée de mots

Gelda
Elle défait son emprise lisse sa palme contre la tienne, de son autre main elle attrape un pan de sa robe rebelle elle marche avec précaution en arc de cercle autour de toi laisse le contact de vos paumes faire loi, elle échappe un rire plus léger que ses larmes, elle te lâche enfin fait un petit tour sur elle même les deux mains emprises sur le moire puis elle recule, elle est un peu courbée en avant de tenir sa lourde tenue, la pluie dégouline le long de son dos nue entre les nuées blondes qui vagabondent à moitié libre du carcan de son bonnet son rire se fait plus présent, entre-coupé d'un souffle difficile à reprendre, elle aime
l'orage
la liberté qui s'en dégage
comme celle qui vous fait parler à cœur ouvert en cette soirée
celle qui vous fait pleurer lui fait partager la croyance de sa vie sa lubie
pour toujours et à jamais.

Il-il faut me le dire ! me le raconter ! vos histoires vos croyances...au coin d'un feu crépitant, les pieds dans un marais, sur le toit d'un café, dans la clairière au profond de la forêt je veux l'entendre ! votre-votre courage ! votre joyeuse rage ! vous savez Élégie, je ne pensais pas, non, je ne voulais pas y croire, mais nous sommes si semblable...je sais ! mettons-nous un rendez-vous, chaque mois, un moment pour se remémorer, ceux parti, ceux qui restent, les mots qu'ils ont dit ont à dire..(elle lâche les pans, époussette la pluie filant sur la granule du noir, avant de mettre les mains dans le dos, prude soudain) dire que j'avais peur de vous, peur de vous parler mais...je suis heureuse que mon courage m'ait poussé aujourd'hui à me mettre à découvert sous cette rude intermittente lumière...

Elle a l'impression Gelda, de retrouver un petit bout d'elle, celle bien enfouie qui l'avait pourtant pendant si longtemps régie, c'est sa naissance interne, sa renaissance, si elle peut arriver à s'y accrocher, à se rappeler le sentiment, peut-être qu'elle sombrera moins, ou tout du moins, trouvera ton courage en pensées, à lequel se raccrocher, alors dans ces moments, elle trouvera la paix nécessaire pour ne plus nager à contre courant et se laisser porter par les flots, ce que la mer prend, elle le ramène toujours aux pieds des falaises à un moment.