Le soleil était encore haut dans le ciel lorsqu’il s’installa à une table, une tasse de café en main, son regard se portant sur les alentours. Il lui arrivait parfois - souvent - de flâner, de se balader sans but ou même de se poser dans un salon de thé pour passer le temps. Peut-être que pour un humain son quotidien n’avait nul sens, mais pour un être éthéré comme Sanjokgu, ce n’était qu’une fraction de son existence. La boisson portée à ses lèvres, se délectant du supplément caramel qu’il avait demandé, tout en se félicitant d’être arrivé un peu avant la sortie des bureaux. Une queue bien trop longue pour le peu de places assises restantes en ces lieux, et alors que ses yeux balayaient l’assemblée, ils s’arrêtèrent sur la silhouette singulière d’une renarde.

Une gumiho qu’il avait remarqué il y a de cela quelques siècles, qu’il avait instinctivement traqué, voyant en elle un potentiel danger. Puis, ne surprenant de sa part nul acte perfide, il l’avait simplement gardé à l'œil par habitude - ou par simple amusement. Il fallait dire qu’elle fuyait San comme la peste, il avait la sensation d’être un monstre abject lorsqu’elle remarquait sa présence, bien qu’il se savait un peu étrange, il n’avait guère l’impression d’être si horrifiant.

Effectivement, elle avait l’air soudainement bien pâle, semblable à quelqu’un ayant vu un fantôme - bien qu’un imaginaire effrayé par le paranormal serait une chose tout à fait inouïe. Instinctivement, elle avait senti la présence du chien, et tentait de prendre la fuite. Chose qui était devenue une habitude, et presque à chaque fois, Sanjokgu l’a laissé filer sans chercher son reste - bien qu’il lui soit arrivé de la suivre avec plus d’acharnement par le passé. Mais aujourd’hui, il avait envie de briser la glace : il fallait dire qu'il n’avait désormais plus aucune mauvaise intention à son égard.

Il s’élança à sa suite, se faisant le plus discret possible, car si elle avait vent de sa présence, il ne faisait aucun doute qu’il n’arriverait pas à la coincer. Soit, la gumiho ne semblait absolument pas vouloir de cette rencontre, mais peut-être que de forcer le destin l’aiderait à gérer l’angoisse terrible qu’il faisait naître en elle.

Certes,
Samjokgu et Gumiho n’étaient guère fait pour s’entendre,
Il ne le savait que trop bien.
Mais il était bon d’essayer.

Adossée à un mur, soupir soulagé à l’idée de l’avoir semée, elle ne l’avait - malheureusement - pas remarqué. Ah ! San le savait, il ne pouvait laisser passer une telle chance - peut-être qu’il n’avait nullement besoin de forcer le destin, finalement. Rapidement, il s’approcha d’elle.

Sa main droite s’écrasa contre le mur, alors qu’il laissait un sourire - involontairement étrange - se dessiner sur ses lèvres, sa seconde main s’abattant à son tour. “Je te tiens.” Son visage vraisemblablement trop proche du sien, mais le chien n’en avait que faire, trop heureux d’avoir enfin réussi son coup. Oui, l’embêter un peu était amusant, mais les blagues les plus courtes sont les meilleures, parait-il. Pourtant, une fois devant elle, il se demandait bien comment il pouvait engager quelconque conversation.

Il venait de la plaquer contre un mur,
Ce n’était ni galant, ni engageant.

“Ah.” Un regard sur le côté, puis le visage en l’air, légère panique à bord. “Je ne te veux pas de mal ?” Super, absolument pas cliché. Il avait agit instinctivement, seulement, devant le fait accompli, il se rendit bien compte qu’il avait aggravé son cas.