sang, automutilation, pensées suicidaires

Cet été est si doux. Tellement doux qu’Elvy s’en est allé à Osynligskog. Pourtant, la tranquillité des quartiers la rend nerveuse. Sa voix est muette quand elle voit la petite bande au loin d’une rue. Les yeux d’Elvy se sont perdus vers elle.
Elle a vu la petite fille qu’elle aime – ou plutôt qu’elle aimait, elle ne sait plus, elle n’arrive pas à se dire si cet amour existe encore. Svea s’amuse bien sans Elvy…
La haine pourtant vit en elle lorsqu’elle entend les rires des enfants qui courent vers l’épicerie acheter des friandises.
Svea n’a pas remarqué Elvy. Comme c’est habituel.
Elle a d’autres amis maintenant. Comme c’est cruel.
Ils se partagent un sac de bonbons, et la chimère cri enfin. Personne l’entend, à part quelques visionnaires du coin.

Parfois, elle a envie de se laisser aller en étant sur terre et d’être oubliée à tout jamais, peut-être que son malheur cessera enfin de cette façon.
Elle se précipite, la chimère, elle s’enfuit et elle s’engouffre dans les bois silencieux. Les animaux ne font aucun bruit.
Seule Elvy se fait entendre quand elle marche sur les brindilles et les feuilles.
Elle se recroqueville près d'un arbre et elle laisse les larmes couler le long de ses joues.

C'est un sentiment amer, mélange de jalousie, de peine et de solitude qui bouillonne. Et les gouttelettes du chagrin tombent sur ses plumes blanches, devenue ensuite rouge de rage – elle se punit d'être ce qu'elle est, plus rien maintenant, car elle est oubliée. Les griffes entaillent l'épiderme nu. Les larmes sont bien trop salées, cela lui pique les bras ciselés.
Puis en redressant la tête, elle finit par te voir au loin, Gelda, la voix de la sagesse qui pourrait très bien se demander ce qu’Elvy a encore dans le cœur.

«Pourquoi…»
Elle ignore encore.
«Pourquoi les enfants se lassent si vite de nous…»
Elle est peut-être trop jeune pour comprendre.
Elvy se laisse bercer par ses ailes avant de s’asseoir sur le sol humide par une pluie récente. La forêt a une bonne odeur de pétrichor qu'elle hume lentement, tête baissée vers la banshee.
La chimère partagerai bien son énième chagrin avec toi. Elle ne sait ô combien de fois elle a dû se lamenter à tes côtés
Ce ne sera pas la dernière.

sang, automutilation, pensées suicidaires

Cette paire de talon noire, évidemment qu’Elvy l’a mangé ; peut-être qu’elle ne s’en souvient pas. Le chagrin ne peut malheureusement pas lui rafraîchir la mémoire.
En la secouant un peu, peut-être ?
Mais l’instant où elle a fait de ces jolis chaussures, son repas des plus étranges, elle n’avait pris aucun plaisir. C’était très décevant même.
Pour le moment, Elvy est surtout concentrée par ses tourments.
Les autres soucis seront réglés plus tard…

Car toi, la banshee, tu as décidé de lui offrir un peu de réconfort. Mérite t-elle au moins du réconfort de ta part ? C’est une question bien délicate. Mais tu es si bienveillante à lui accorder de ton temps.
Elvy écoute la dure réalité que tu lui expliques. Ses larmes s’accroissent en taille, devenant des grosses perles qui roulent sur son visage misérable. La chimère acquiesce d’un léger mouvement de la tête, mais peut-être que dans son cœur, elle ne l’a pas encore accepté.  
«Merci…»
Souffle t-elle en calant sa tête contre ton cou.
Elvy s’est laissé aller, sanglotante comme jamais. Elle aurait pu continuer à se faire sauvagement du mal. Mais toi à ses côtés, ses pulsions se sont calmées. Pour autant, elle se sent coupable de s’être infligé ses vives douleurs aux bras.

«Mais tu sais Gelda… Peut-être que si Svea et moi, on s’était dit vraiment au revoir… Peut-être qu’actuellement, je ne pleurerais pas comme ça !»
La séparation revient comme un flash devant ses yeux. La petite Svea lui a juste dit qu’elle ne voulait plus jouer, le dos tourné.
«Elle est juste partie… Et après, elle m’a oubliée. Maintenant, elle ne peut plus me voir… Nous voir.»
L’enfant est devenue une nébuleuse, très certainement. Mais Elvy trouve cela, vraiment étrange pour Svea, qui était si passionnée par les contes et les légendes. Peut-être que ce n’était qu’une période de son enfance et que désormais, elle s’est trouvé d’autres intérêts ?
Et peut-être que c’est mieux ainsi, et que la mission d’Elvy est terminée pour de bon.
C’est ce qu’elle s’imagine quand elle frôle l’oubli. Car l’idée de s’en aller pour toujours lui effleure souvent l’esprit. Elle voudrait faire le premier pas…

«Si je reste encore quelques heures ici, je partirai également.»
Mais c’est trop difficile de partir, trop effrayant de savoir que l’on disparaît à tout jamais.
«Pourtant, je rentre toujours à la maison quand je sens des picotements dans tout mon corps ! Je crois que… J’ai peur !»
C’est peut-être pour cela que sa Majesté protège les plus vulnérables des invisibles.
Elvy est perdue quand son chagrin est trop lourd à supporter. Elle ne te lâche désormais, tu es devenue son pilier sur qui elle peut compter, sur qui elle peut pleurer.

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Ses larmes ruissellent comme une petite rivière,
Et gouttent comme une pluie fine d'été.
La peine ne va pas tout de suite se calmer, mais il le faut pour pouvoir mieux se parler, n’est-ce pas ?
Alors, Elvy tente de s’assagir comme un enfant qui veut taire ses émotions ; mais Elvy a de la chance, ici la jeunesse a le droit d'exprimer sa joie et ses malheurs, personne ne la jugera !
Quand tu la sers davantage dans tes bras, elle se sent comme une poupée de chiffon qui s’écrase par l’affection que tu lui portes ; elle sent son cœur s’emballer, et elle est assez embarassée de se sentir si bien dans tes bras – mérite t-elle de se sentir ainsi ? Elle se le demande, Elvy, elle se laisse bercer,
Comme un nourrisson contre sa maman, elle se laisse aller encore un petit peu, avant de tenter de retrouver un peu de courage.
La chimère comprend mieux maintenant quand elle t’entend dire tous ses mots qui tremblent entre tes lippes.
C’est le regret qui lui serre tout son être, entièrement ; elle culpabilise de te faire sentir mal. Car elle a compris désormais, que tu tiens à elle. C’est rare, non ? De tenir à cette petite malicieuse, c’est pas courant de telles déclarations.
Elle a le visage brûlant et les joues qui prennent quelques couleurs, car le sang circule plus rapidement. C’est un peu confus, mais plutôt plaisant.

«P-Pardon-»
D’avoir sous-entendu sa disparition,
Et puis aussi, d’avoir encore dévoré un énième bien qui t’appartenait ; elle a oublié, mais sa mémoire peut vite revenir, quand elle va se rendre compte que ses erreurs-là puissent finir par te manquer.
«Gelda, je…»
Elvy ne trouve pas les mots, alors que toi, tu as su l’ensevelir de toutes tes pensées. Elle finit par ancrer ses prunelles dans les tiennes, toujours autant intimidée par la situation.
Ses phrases restent un instant coincées dans sa gorge – peut-être qu’avec un peu d’audace, elle va réussir à les dire. Parce que maintenant, elle a une mission à accomplir : celle de te consoler aussi – il faut panser vos peines ensemble !
Et donc, elle aimerait te rassurer aussi. Comme tu as su le faire. Mais la maladresse de la chimère, dans ses moments-là, peut parfois secouer. Il ne faut pas lui en vouloir, quand tout est encore flou dans sa tête, quand toutes ses pensées se confondent dans un tel chaos.

Alors Elvy se tait. Mais ses ailes se renferment délicatement sur elle-même et sur toi, formant ainsi un petit cocon duveteux.
La chimère te regarde puis finit par se souvenir de ce qu’elle t’a fait subir – encore. Les talons qu’elle a mangé ! Il est vrai, elle n’a finalement pas effacer cela de sa mémoire.
«Je suis désolée… d’avoir mangé tes chaussures…» Les enfants aussi, lui reprochent sa gourmandise inaccoutumée quand elle découvre leurs petits trésors.
«Je ne partirai pas, promis… Je ne peux pas… Je ne veux pas… Ce serait trop difficile… Non ? Car je ne pourrais plus pleurer contre toi comme ça, puis, j’aime trop quand tu me serres entre tes bras, jusqu’à ce que je ne puisse plus respirer- et si je pars, je ne pourrais plus jamais écouter ta sagesse et tes conseils… J’ai trop besoin de toi.»
Le silence règne enfin quand la chimère a pu délivrer ce qu’elle avait de coincé au niveau de son cou  ; elle renifle toujours, les cils encore humides – toujours la peine, qui devient un léger rire, un peu timide et surtout enfantin ; car la honte vient enfin accentuer la rougeurs de ses pommettes.
«Pardon… Encore…»
Elvy pourrait te le chuchoter un million de fois pour que tu ne lui en veuilles pas.