Musique + Outfit – Un échange de messages devant lequel le jeune homme étire malgré lui les lèvres, dans un sourire sincère, du cœur, qui reste bien longtemps niché sur son faciès ; caché cependant par le masque de moto dont il rabat la visière avant de démarrer en trombe dans le centre-ville. Aujourd’hui est une journée maudite, du genre de celle que personne ne veut vivre ; retourner au bercail chercher les dernières affaires manquantes, récupérer des choses appartenant à Gran, pour pouvoir en faire un petit autel dédié chez lui, pour commémorer en sa mémoire ((et pour éviter de continuer de croire en cette chimère qui apparaît désormais chaque soir au coin de la rue.)) Les battements du cœur vont de pair avec les vrombissements du moteur, les virages semblent suivre les cheminements qu’emprunte sa pensée un brin épuisée par des nuits d’insomnies à répétition. Aaron se sent comme un spationaute en orbite autour de la terre, à moitié éveillé et pourtant la tête dans les nuages, pour ne pas dire dans le cosmos - ou dans le coaltar.

Arrivé chez lui, c’est le dédain de sa génitrice qui l’accueil, c’est les remarques désobligeantes de son père qui le suive ; sa chambre n’est plus qu’un vestige d’une adolescence qui n’a jamais été - ce n’est plus qu’un débarras, un dépôt de misère qui illustre parfaitement ce qu’il pense de leur fils. Mais est-il encore leur fils ? Il semblerait que non. Il y a des mots qui sont prononcés, certains font plus mal que d’autres, mais Aaron n’a pas cœur à rechigner, ni même à répliquer. Trop de déboires pour entrer dans ce cercle infernal, il a déjà la haine, pas besoin de se rajouter un nouveau mal - cette famille c’est un enfer, les limbes abyssales. Attrapant le sac à dos contenant ce qu’il est venu chercher, lâchant avec mépris que le reste est bon à jeter, il attrape un album photo dans la bibliothèque ; se dirige vers la chambre de feu Gran. Sous le lit, réside encore leur boîte du futur… La capsule temporelle, qu’il n’a pas âme à ouvrir tout seul.

Des larmes d’une mère, les yeux haineux d’un père, c’est la dernière image qu’il a d’eux ; avant de claquer la porte et de s’effondrer une première fois dans la cage d’escaliers ; deux étages plus bas.

La journée de travail est horrible, les nouvelles de l’hôpital concernant Daren sont pour le moins inquiétantes - quand un malicieux s’en prend à vous… Les conséquences… Peuvent être désastreuses. Il avait échoué Aaron, à protéger son ami, à le venger même, perdant la traque de celui qui lui à apparemment lancé une “malédiction”. Devoir s’épancher sur le sujet, chercher, mais ne pas trouver, les journées se ressemblent et pourtant se succèdent et rien ne change. Les deux anses de son sac sur le dos, Aaron enfourche sa moto et démarre pour finir ses dernières tournées de livraisons - entre les pizzas et les sushis, la faim semble naître dans son ventre, alors c’est au détour d’une rue, qu’il s’arrête dans un de ses restaurant à emporter préférés ; attrapant deux tacos avant de te rejoindre. Direction, la plage.

La houle amène à lui la brise et la mousson, qu’il regarde d’un œil distrait, cherchant ta présence sur la dite plage de sable, mais c’est finalement un banc qui attire son attention sur lequel il se laisse choir - apparemment en avance. Il ne lui faut pas beaucoup de temps pour t’apercevoir, toi qui t’avances ; tu n’es pas très loin. Son casque de moto fini au sol, le sac à dos toujours sur les épaules et un léger sachet en carton au poignet, il reste là Aaron, un fin sourire aux lèvres. Bonsoir boss. Il émane de toi Jocelin, un charisme qui impose le respect, mais également une douceur à laquelle le jeune homme n’est guère habitué, plus depuis bien longtemps. Alors j’te rassure, je viens d’arriver, j’ai hésité à aller me balader sur la plage, mais j’me suis dis que tu serais dans ce coin là. Ses yeux se déposent alors sur ce que tu tiens dans les mains et avec fierté il dresse un sac, le sourire s’effaçant un peu, comme contrit.

J’ai pris à manger, mais j’me doute que vu l’heure, t’as déjà du diner, j’t’ai quand même prit une part… Désolé je vie en décalé. Il n’avait pas daigné te demander, mais peut-être aurait-il dû le faire - toi, t’as une vie de famille Jocelin, avec un grand F. Un truc qu'il ne connaîtra jamais… Tranquille, ça sera mon repas de demain. Je veux bien un café s’il te plaît ? Te faisant un peu plus de place, le jeune homme sort la boîte en carton et commence à manger son tacos et ses frites, regardant l’horizon qui s’offre à vous - quand viens ta fatidique question. Euh. C’est pas évident à. Enfin. J’vais avoir besoin de. Y’a ce rapport qu’il doit faire. Y’a cette journée qu’il doit raconter. Y’a trop de choses qui se bouscule, de quoi lui couper légèrement l’appétit. Je suis retourné chez moi. Aujourd’hui, enfin. “Chez moi.” Chez mes “parents” ? Je.

L’émotion est absente, il est perdu Aaron, perdu entre la colère et la tristesse, perdu entre la rancœur et l’indifférence, perdu entre l’envie de les oublier et de tout faire pourtant, pour être pardonné. je sais pas trop par où commencer. J’ai un ami qui est blessé à cause d’un malicieux, je l’ai traqué, mais j’ai perdu sa trace… Et j’ai cette capsule temporelle qu’on avait faite avec mon frère jumeau et… Et bordel c’est trop. Les mains se resserrent sur son sandwich, l’émotion lui broie autant les entrailles que ça semble lui éviscérer les boyaux. Mais les vannes sont vides, à force de trop pleurer, y’a plus aucune eau qui coule.

hrp // enfin je rp avec le goat, joceliiiin daddy vraiment je l'aime trop je ;w;

Musique + Outfit – Avoir la gorge serrée, sentir la moiteur des mains qui s'imprègnent petit à petit dans son sandwich - savoir au fond de lui qu'il ne pourra pas se dérober, que les interrogations et la curiosité doivent désormais avoir prit racine dans les tréfonds de ton empathie. T'es un père Jocelin, t’en à l'âme et t'en a surtout l'essence. Ça se sent, ça se voit et surtout ça s’entend. T'es un père de coeur, un père pour tes réels enfants, y'a pourtant pas de place pour Aaron, et ça se comprend. Lui aussi est censé avoir un père - qu'il aurait souhaité un peu plus aimant, moins regardant sur les travers de son fils, mais bon - entre ce qu'on souhaite et ce qu'on a, l'écart est infini.

On ne choisit pas ses parents ni sa famille, c'est ainsi et le jeune homme finit par l'accepter. Quand il s’endormait à la belle étoile en forêt après cet abandon, il a eu le temps de ressasser, de réfléchir, de s’imprégner de tout ce que ses parents pouvaient bien lui reprocher. Il comprend la souffrance, il ressent leur désespoir - et le fait qu'il ait le même visage que Gran, c'est sans doute un crève-cœur, un coup de poignard. Rien n’est pardonnable ni excusable, tout est condamnable, mais si Aaron a toujours fermé sa gueule sur ce qu’il s’était passé, s’il a demandé à sa tante ensuite, de ne rien dire, c’est bien parce qu’il sait que ce n’est pas “eux”. Pas fondamentalement. Ils sont devenus ainsi… Parce que Gran est parti.

Quand tu te fais plus présent à ses côtés, que tu lui dis que c’est normal de pleurer, seul un fin sourire s’empare de ses traits, ce genre de sourire qui vient du coeur, c’est rare, c’est presque imperceptible, mais c’est bien là, ça s’étire - sourire avec le coeur revient à sourire de façon mélancolique. Le rire qui s’en suit est sans joie réelle, ni vie. Aaron n’est pas mort, il bouge, parle, respire encore, mais parfois, il a cette sensation étrange, de n’être finalement, qu’un pantin désarticulé. J’ai plus de larmes à verser malheureusement, c’est déjà chose faite. C’est peut-être pour ça que le café est salvateur, que cette gorgée l’abreuve, l’hydrate un tant soit peu. “Mon garçon” ça rime avec “fiston” - c’est marrant, mais aux yeux d’Aaron, t’es vraiment comme un père de substitution.

Un profond soupir pourtant s’échappe de ses lèvres, transpire de ses pores, comme l’angoisse d’en dire trop, ou pas assez - y’a pourtant pas grand chose à dire, si ce n’est “tout à constater” - mais voilà, Aaron est sa réserve, sa méfiance naturelle, la peur d’être encore malmené, ou pire, mal traité. Ses parents n’ont pas toujours été ceux qu’ils sont aujourd’hui, mais la traumatisme est là, marqué en lui, indélébile. Disons que j’voulais commencer par mon rapport, car j’ai. Bah j’ai échoué en fait. Pour l’heure, vous n’étiez que deux, comme Luffy et Zoro, comme Starsky et Hutch, comme Mulder et Scully. Un ami semble être “maudit” ; un malicieux c’en est prit à lui, j’ai pas réussi à le protéger, j’ai pas réussi à empêcher que ça arrive, j’ai pas réussi à le… Venger.

Parce qu’il a été distrait, parce qu’il n’a pas fait attention, qu’il a perdu sa trace et que ses retrouvailles ensuite avec Kaan l’ont sorti du “chemin”. Je sais qu’on doit protéger la population, je sais qu’on existe pour ça, mais j’ai l’impression de pas être à la hauteur. Syndrome de l’imposteur, car Aaron fait son travail et il le fait cruellement bien. Dans un mouvement lent, le jeune homme se penche en arrière, se laisse tomber sur le dossier du banc, un bras passant par dessus alors que l’autre fini de refermer la boite de son sandwich pour le déposer du côté opposé. J’sais que j’vais pas bien, c’est pour ça que j’me donne à fond, dans tout c’que j’fais, pour pas penser, pour pas ressasser ; en m’disant que la dépression finira bien par passer.

Mais voilà, il y a cette capsule, y’a ce deuil qui n’est pas terminé, qui n’a même pas véritablement commencé ; des étapes du deuil, il est encore à la première strate, malgré les années qui ont passées. Être encore dans le déni, ne pas avoir atteint le seuil de la colère, ni celle du marchandage ; c’est peut-être un comble - mais on avance pas tous de la même façon. J’crois que. Mon frère est en vie. Enfin… J’le vois souvent, le soir, dans une ruelle adjacente de mon appartement. Mais il me fuit… Un invisible qui arbore ses traits ? Un malicieux qui se joue de lui ? Aaron n’en sait strictement rien. C’est pourquoi il est fatigué, pourquoi il est lasse, pour ne pas dire blasé. Car y’a tout qui s’enchaînent et il peut juste subir ; c’est ça de ne pas avoir la force de faire bouger les choses ; d’être impuissant.

hrp // aaron qui s'confie lentement mais sûrement sorry about that !